"Il est bon de savoir qui l'on est
et d'où l'on vient. Cette connaissance de soi-même nous garantit des chimères de la
vanité et d'une modestie paresseuse qui conduit à l'abaissement." (Cambacérès)
GENEALOGIE & HISTOIRE DE LA FAMILLE CAMBACÉRÈS
D'origine cévenole, la famille Cambacérès vient plus
précisément du canton du Vigan. Etymologiquement le nom Cambacérès (ou Cambassédès)
provient pour certains de 2 mots languedociens camba, jambe et assedat,
assis : ce qui peut se traduire par le surnom assis sur jambes ou court sur
jambes. D'autres pensent que le nom signifie originaire du lieu Cambassédès
: lieu-dit situé dans la commune d'Avèze, près du Vigan.
Antoine
Cambassédès
????
- 1598
Laboureur
156?
Antoinette
La Coste
????
- 158?
1583
Alix
Laumette
????
- ????
Domergue
Cambacérès
1560
- 1616
Greffier
à la Cour des Comptes
1582
Jeanne
du Pré
1566
- 160?
1608
Esther
La Garde
????
- 1656
Dominique
Cambacérès
1616
- 1673
Procureur
en la Cour des Comptes
1642
Jeanne
de Lamouroux
????
- ????
Jacques
Cambacérès
1644
- 1700
Conseiller
à la Cour des Comptes
François
Cambacérès
1651
- 1712
Conseiller
du Roi, Receveur des Tailles
1679
Esther
d'Atguier
????
- ????
branche des Restinclières devenus
Montlaur de Murles
Jacques
de Cambacérès
1680
- 1752
Conseiller
à la Cour des Comptes
1714
Élisabeth
Duvidal de Montferrier
????
- ????
Jean-Antoine
de Cambacérès
1715
- 1801
Conseiller
à la Cour des Comptes
1740
Marie-Rose
Vassal
????
- 1769
1787
Jeanne
Dittry
????
- ????
Jean-Jacques
Régis de Cambacérès
1753
- 1824
Archichancelier
de l'Empire
Etienne-Hubert
de Cambacérès
1756
- 1818
Cardinal
- Archevêque
Marie-Magdeleine
de Cambacérès
1777
- ????
Jean-Pierre
Hubert de Cambacérès
1778
- 1826
Général
de Brigade
Au milieu du XVIe siècle, Antoine Cambassédès,
laboureur au Vigan, quitte les Cévennes pour s'établir à Montpellier. Il achète une
maison rue Sainte-Croix à l'emplacement de l'actuel hôtel Cambacérès. Il lie
connaissance avec son voisin Domergue Lacoste qui devient le parrain de son fils Domergue.
Celui-ci hérite de son parrain une maison rue Sainte-Croix et une somme d'argent qui lui
permet d'acheter une charge d'huissier à la Cour des Comptes. Domergue
Cambacérès devient premier huissier puis greffier en chef de la Cour des Comptes. Son
fils Dominique, procureur du Roi en la Cour des Comptes, est élu lieutenant du noble jeu
de l'arc en 1656.
François Cambacérès achète une charge de Conseiller du roi et
receveur des tailles du diocèse du Puy. Son fils Jacques, noble par la robe de trois
générations de magistrats, enregistre ses armes : d'or au chevron de gueules accompagné
de trois roses de même (voir ci-contre). Jacques de Cambacérès, devenu par
héritage conseiller à la Cour des Comptes, épouse Élisabeth Duvidal de Montferrier,
sur du syndic général des États du Languedoc.
Leur fils Jean-Antoine épouse en 1740 Marie-Rose de Vassal, fille d'un
banquier et conseiller à la Cour des Comptes. De cette union naissent onze enfants dont
deux seulement survivent : Jean-Jacques Régis et Etienne-Hubert. A la mort de
sa femme, Jean-Antoine fréquente Jeanne
Dittry avec laquelle il a deux enfants naturels :
- Marie-Magdeleine épouse Claude-Auguste Gilles, receveur général des
finances de Seine-et-Oise (1802-1815).
- Jean-Pierre Hubert
épouse en 1797 Anne-Marie-Joséphine-Philippine Karsch. Naissent trois enfants :
- Marie-Jean-Pierre Hubert (1798-1881) page de l'Empereur en 1812, il
suit le roi de Rome à Blois. Officier de chasseurs à cheval puis avocat en 1823, il se
rallie à la monarchie de Juillet puis au Second Empire : Sénateur, Grand-Maître des
Cérémonies de Napoléon III, il effectue plusieurs missions confidentielles. Fait duc de
Cambacérès, il épouse Louise-Anne Alexandrine Thibon, fille du Sous-Gouverneur de la Banque de France, sans
descendance.
- Joséphine (1800-????) épouse le baron Jean-Marie Delaire, conseiller
à la Cour des Comptes.
- Etienne-Armand Napoléon (1804-1878) député de l'Aisne à partir de
1842, il lutte contre la monarchie de Juillet puis se rallie au coup d'État du 2
décembre. Son fils unique Louis-Joseph Napoléon, député de l'Aisne sous le Second
Empire, épouse en 1856 la princesse Bathilde Bonaparte (1840-1861) fille de Lucien
Bonaparte. Il a deux filles d'un second mariage avec Marie-Victorine Anatole de
Montesquiou-Fezensac.
BRANCHE
AÎNÉE OU BRANCHE CADETTE ?
L'arbre généalogique représenté ci-dessus est celui
publié en 1905 par Pierre Vialles. La biographie de Vialles défend la version
généralement admise selon laquelle les Restinclières représentent la branche aînée
de la famille, les magistrats dont descend Jean-Jacques Régis formant la branche cadette.
Or deux documents inconnus à l'époque, l'un écrit par le
grand-père de Jean-Jacques Régis et un autre écrit par Jean-Jacques Régis lui-même,
affirment le contraire. Selon l'histoire de la famille écrite par Jacques de
Cambacérès, il y aurait eu confusion entre deux frères tous deux prénommés François.
Certaines dates citées par Vialles semblent inexactes... Dominique Cambacérès mort en
1673 selon Vialles serait décédé en 1656. La version de Vialles comporte une
génération de moins que la version de Jean-Jacques Régis. Comment Jacques de
Cambacérès soi-disant mort en 1752 peut-il raconter dans ses mémoires les maladies
infantiles de ses petits-enfants nés en 1753 et en 1756?
La généalogie donnée par Pierre Vialles et reprise par
beaucoup de biographes est manifestement inexacte. Seul un examen approfondi des archives
de l'état civil de Montpellier doit permettre de reconstituer la généalogie de la
famille Cambacérès.
LA
BRANCHE ARGENTINE DE LA FAMILLE CAMBACÉRÈS
En 1824, Antoine de Cambacérès débarque à
Buenos Aires à la demande du gouvernement argentin. C’est un chimiste
français qui a fait ses études à la faculté de
Montpellier, où il a
certainement suivi les cours de
Chaptal. Il est chargé par le président de
la République Jean Larrea du développement de l’industrie de l’huile de pied
de bœuf (ingrédient chimique utilisé dans le traitement des cuirs). Peu
après son arrivée, il épouse Rufina Alais, dont il aura 4 enfants : Antonino
(né en 1833), Ludovica, Eugenio (né en 1843) et Delphine. Avec l’héritage de
son beau-père, il achète des terres et devient un important éleveur bovin.
En plus de ses activités chimiques, il fait fortune en vendant de la viande
de bœuf salée et des cuirs.
Ses
deux fils, Antonino et Eugenio, deviennent des hommes politiques influents :
ils siègent au Sénat argentin. Eugenio Cambaceres (voir photographie
ci-contre) est également l’écrivain argentin le plus connu. Son œuvre se
situe dans la mouvance naturaliste d’Émile Zola. L’un des fils d'Antonino
est vice-président du Sénat et représente l’Argentine à l’Exposition
Universelle de Paris en 1889. Rufino Luro Cambaceres est un pionnier de
l’aviation en Argentine dans les années 1920. Co-pilote de Saint-Exupéry et
de Mermoz, il fonde quelques années plus tard la société Aeropostal Nacional.
Jusqu’à aujourd’hui, la famille Cambaceres continue à jouer un rôle
important dans la politique argentine. Un quartier de Buenos-Aires et un
club de football portent encore le nom de Cambaceres.
Une rumeur veut qu’Antoine de Cambacérès soit
un fils illégitime de Jean-Jacques Régis de Cambacérès. En fait, il est le
deuxième fils de son cousin, le maréchal de camp Joseph Charles de
Cambacérès-Murles, et de sa maîtresse Suzanne Pons qu'il avait épousée en
septembre 1792. La famille argentine possède quelques souvenirs de
Cambacérès (vaisselle, médaille…). Sans doute celui-ci a-t-il donné à son
neveu des objets de valeur pour lui permettre de financer son voyage et son
installation en Argentine ?